Suzanne Chinic

Hommage à maman

Suzanne
« Je fais un bref portrait de la sainte femme qui m'a élevé comme si j’étais sa propre fille ».

Elle-même avait mis au monde quatorze enfants. Elle était sage-femme pour le village et les environs. Lorsque sa fille aînée mère de trois enfants mourut, elle prit chez elle pendant quelque temps deux de ses enfants, des filles. Le troisième, un fils fût adopté par son oncle.

Plus tard, lorsque ma mère mourut, laissant dix enfants orphelins, elle vint me chercher. Quelques-uns de mes frères travaillaient dans les chantiers. Mes soeurs étant trop jeunes pour s’occuper d'un si jeune bébé, mon père lui, parti pour gagner le pain de la famille. On me parla de la peine qu’avait eue mon père lors de la perte de son épouse. Voilà qu'il doit faire un choix pour le bien de son enfant.

Mais celle qui venait à son secours était une femme exceptionnelle. Elle m'emporta chez elle et promit à mon père qu'il pourrait venir me reprendre lorsque j'aurais deux ans. Lorsque ce temps fut écoulé, il vint me demander si je voulais retourner avec mes frères et mes soeurs.

Moi la chanceuse j’avais une nouvelle maman et pas n'importe laquelle. Je n'ai pas accepté de retourner avec lui. Je suis donc restée avec elle.

Quelques années plus tard un de ses fils perd son épouse qui meurt laissant cinq enfants derrière elle. Elle n'hésite pas et reprend son fils avec quatre de ses enfants. Une petite fille sera élevée par sa tante. J’ai donc des frères et une soeur d'adoption.

Nous allons à l'école du village. Quand j'ai douze ans, j’ai la chance d'avoir une place au couvent d'Havre St-Pierre. Comme je me suis ennuyé. Chaque jour je pensais aux larmes que j’avais vu couler de ses yeux lors de mon départ. Et ce fut ainsi pendant quatre ans.

À dix-sept ans, j'étais revenue chez nous, mais cette chère maman vieillissante avait besoin qu' on l'aide. Elle qui avait tant aidé les autres. À vingt ans je me suis mariée. Elle était présente ce jour-là.

Puis un jour nous sommes déménagés dans notre maison mon mari et moi. J’avais alors deux fils, âgés respectivement de 2 mois et demi et vingt mois.

Un jour d'hiver, un dimanche, mon époux étant au chantier, j’étais seule à la maison avec mes deux fils, on vient m’apprendre que ma chère maman a eu un accident. Elle est gravement brûlée, elle m’envoie chercher avec mes enfants.

Nous voilà donc tous là, mais impuissants. L’infirmière de l'époque lui administre de la morphine. Elle passe la nuit à souffrir. Le lendemain matin, elle meurt dans les bras de son fils.

Elle est sûrement tout près du Seigneur, elle qui a fait tant de bien sur cette Terre.

Sainte Suzanne.

J’ai trois mères au ciel. La Sainte Vierge,
Ma mère Marie-Louise
Ma mère adoptive, Suzanne.

Merci maman
Antonia