Accident de chasse
Les gens qui ont l'habitude de venir fréquemment visiter notre site internet savent que l'année 1950 fut celle où les gens de Rivière-aux-Graines ont quitté en masse leur village. La majorité d'entre eux quittaient pour aller vivre à Moisie.
Quelques semaines auparavant, soit le 27 avril 1950, un accident de chasse a bien failli se transformer en véritable tragédie. C'est par une journée un peu brumeuse que Rodrigue Pinette, son frère Édouard et Patrick Maher ont fait face à un triste événement qui les a marqués pour le reste de leur vie.
Ces trois chasseurs de canard se dirigèrent cette journée-là vers l'île de chasse, pour mieux vous situer, il s'agit de l'île à l'ouest de celle où est érigée la grande croix. Il est important de mentionner qu'à cette époque la chasse aux canards était permise en tout temps.
Rodrigue Pinette qui n'était âgé que de 14 ans avait déjà l'habitude des pointes de chasse. Vers quinze heures quarante-cinq, les trois hommes étaient accroupis à la façon des chasseurs de canard afin d'éviter d’être repérés par les volliers de gibier. C'est à ce moment précis que le fusil de Rodrigue qui était à ces côtés glissa sur la roche, chargé de deux cartouches. Il essaya de le saisir à quelques reprises, mais sans succès. En glissant, le chien du fusil heurta une petite fente dans la roche et une détonation se fit entendre, Rodrigue est atteint à bout portant! Sa hanche gauche est gravement blessée par le projectile qui laisse une ouverture béante assez grande pour y entrer sa main.
Un compte à rebours fut alors enclenché afin de venir en aide le plus rapidement possible au jeune de 14 ans qui perdait beaucoup de sang. Ses amis d'infortune le prirent en charge pour lui sauver la vie. Ils retournèrent sur la terre ferme avec lui, Rodrigue, courageux, trouve la force de rester assis sur le banc du canot. John Vibert qui avait une embarcation plus rapide parti de Rivière Chaloupe et vint chercher le pauvre jeune homme pour l'apporter à Rivière-au-Tonnerre. À cet endroit il rencontra la garde Huneault qui était l'infirmière du village. Celle-ci constata alors que son état nécessitait des soins hospitaliers pressants. Horacio Cormier propriétaire d'une barge, entreprit de le conduire jusqu'à l'hôpital de Havre-St-Pierre. Un ami de celui-ci, Elzéard Lapierre fit aussi le voyage.
Tout au long de ce périple de douze heures, l'infirmière Huneault resta à ces côtés, dans l'abri de la barge. C'est donc vers huit heures qu'ils accostèrent au quai de Havre-St-Pierre. En arrivant à l'hôpital, Rodrigue qui avait été conscient tout au long du parcours s'effondra du fait d'avoir perdu trop de sang. Il fut opéré d'urgence, cette intervention chirurgicale nécessita 48 points de suture de la fesse à la hanche. Il resta à l'hôpital de Havre-St-Pierre durant 40 jours.
Lorsqu'arriva le moment du départ, Rodrigue pris le bateau vers Sept-Îles n'arrêtant pas à Rivière-aux-Graines, il eut un pincement au coeur en passant tout près du village qui l'avait vu naître. Ses parents comme la plupart des autres gens étaient déjà à Moisie. Encore aujourd'hui il parle avec nostalgie de cette période de sa vie.
Malgré les embuches et les problèmes que la vie met sur notre chemin, jamais on n’oublie nos racines et d'où on vient.