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LES HOMMES FORTS
Rivière-aux-Graines fut à une certaine époque un endroit de prédilection pour les hommes forts. Ils construisaient leurs maisons, leurs barges et leurs chaloupes, en se servant de la scie de long, un homme en haut et un autre en bas. Cet entrainement est très dur. Si un homme avait une prédisposition génétique pour développer sa force, il devenait un homme fort à coup sûr.
Eugène Ringuette
Eugène Ringuette, fils de Baptiste, est considéré comme un homme fort.
Encore aujourd’hui les plus vieux parlent de cet homme, et à chaque fois sa force physique est mentionnée. Il n’était pas très gros, mais jouissait d’une force impressionnante. À Port-Cartier, ou il a passé sa jeunesse, Eugène se plait à plier des clous de 6 pouces pour démontrer la force de ses doigts. Philias Henley m'a dit que lui et Eugène Ringuette de temps à autres tiraient du poignet et du crochet. Au poignet (bras de fer) je gagnais à chaque fois, mais pour le crochet nous devions arrêter sans faire de maître puisqu'on craignaient de se fracturer les doigts. Eugène Ringuette était cousin et bon ami de Philias Henley.
Philias Henley
Durant son adolescence, Philias Henley va de temps à autre dans la grange et s’entraine à placer un baril de farine sur son dos. Il fait ça en cachette, parfois il échappe le baril, et le plancher se brise, au grand désarroi de son père qui se demande ce qui arrive au plancher de la grange.
À 16 ans il place aisément le baril de farine sur son dos, le poids est d’environ 200 livres ou 90 kilos. En 1941, à 21 ans, il entre dans l’armée. Déjà il a un passé qui rend compte d’une force physique peu commune.
Dans le baraquement où il est affecté, il y a au moins deux cents militaires. À l’extérieur de ce même baraquement, dehors sur le sol, il y a un poids de type ancien. C’est une barre horizontale terminée par une boule de 45 livres à chaque bout. Ce jour-là, Philias Henley est accompagné de deux amis soldats, John-Michel Desrosby et son cousin Benoit Desrosby de Magpie. Tous deux manipulent le poids assez aisément et Benoit le place même au-dessus de sa tête d’une seule main.
Chaque militaire qui sort se joint à eux et bientôt un attroupement se forme. John-Michel qui connait la force de Philias lui demande de lever le poids devant les autres. Il prend donc le poids de 90 livres et le monte au-dessus de sa tête, mais en plus pour montrer qu’il pouvait faire beaucoup mieux, le prend sur un doigt et le tien à l'horizontale devant lui, avec une facilité subjuguante. Il n’a que 21 ans. Les soldats continuent d’arriver dans la cour et il doit refaire la même démonstration à plusieurs reprises. Ce jour-là, les militaires les plus forts du régiment se sont alignés, pour essayer de faire de même, mais aucun n’y parvint. Vers les dernières années de sa vie, John-Michel Derosby qui était lui même un homme solide, relatait encore de temps à autre cette histoire.
Après sa sortie de l’armée, Philias Henley voyagea un peu partout au Québec pour travailler, entre autres au Port de Montréal comme débardeur. Il a 27 ans et en plus de son travail régulier, il pèse le soir des poches de farine dans les entrepôts du port. Son ami Georges Jourdain des Ilets-Caribou travaille au même endroit. Dans les années qui suivirent ce dernier dira de lui qu’il tirait du poignet dans les tavernes de Montréal, et qu'il gagnait toujours.
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